lundi 29 décembre 2008

TOP 10 2008



Un an de cinéma vient de s'écouler et il est grand temps d'en faire le bilan !

1. Le Premier Jour du Reste de ta Vie, Rémi Bezançon.
Généreux, réaliste, inventif, enthousismant... Impossible de choisir un seul adjectif pour qualifier ce film, qui a été le véritable buzz de l'année 2008. 1.200.000 spectateurs se sont reconnus dans la famille Duval. Un succès que l'on doit au formidable bouche à oreille. Un phénomène.

2. Two Lovers, James Gray.
Le grand film de cette fin d'année. Une histoire d'amour toute simple, portée à des sommets grâce au génie de James Gray et Joaquin Phenix. La Très Grande Classe.

3. La belle personne, Christophe Honoré.
Cette adaptation moderne de "La princesse de Clèves" clôt le podium. Situé dans la cour d'un lycée parisien, ce film est à mille lieux du réalisme brutal d'Entre les murs. Intemporel et délicieusement cruel, c'est un vrai "plaisir démodé".

4. J'ai toujours rêvé d'être un gangster, Samuel Benchetrit.
Ce film a déjà été longuement défendu sur ce blog, mais les retardataires doivent savoir que les Gangsters de Benchetrit sont de formidables machines à remonter le temps ! Nostalgique.

5. Hunger, Steve McQueen.
Le choc de l'année. La radicalité du projet, avec sa réalisation sensorielle et la performance physique de l'acteur, fait que personne n'en sort indemne. Une vraie claque !

6. Soyez Simpas Rembobinez, Michel Gondry.
Derrière la comédie gentiment délurée se cache un vrai manifeste pour le cinéma amateur. Culte.

7. Nouvelle Donne, Joachim Trier.
Cette année, la bouffée d'air frais a débarqué de Norvége. Un film fiévreux, enlevé et générationnel. Une pépite.

8. A Bord du Darjeeling Limited, Wes Anderson.
Le clan Coppola nous offre un film mélancolique et dépaysant sur le théme de la famille. Avec Le Style.

9. Didine, Vincent Dietschy.
La comédie romantique de l'année... Même si elle est passée inaperçue ! Ni prétencieuse, ni parisienne, cette amusante bluette a le mérite d'ouvrir le dialogue entre les différentes générations.
A découvrir.

10. Gommorra, Mateo Garrone.
La vraie vie de la mafia italienne. Ou comment démystifier en deux heures la figure du ganster. Dense et réaliste, ce film nous entraîne dans le quotidien cauchemardesque de ces hommes qui vivent la mort suspendue sur leurs épaules. Intense.

lundi 20 octobre 2008

Stella



C'est le choc des cultures. Celle des années 1970, qui se confronte à la nôtre. Mais aussi celle d'une petite fille élevée dans un café populaire, qui se retrouve dans un collège huppé. Ses parents servent des jaunes à des habitués, qui s'accoudent au jukebox pour entendre la menthe à l'eau.

Ce film a été fait avec peu de moyen, alors on a reconstitué une France de Giscard en intérieur. Les vinyls trainent partout, on s'enfume, on voit Thierry Neuvic se prendre pour Eddy Mitchell, Biolay laisse échapper son couple pendant un match des Verts, Guillaume Depardieu en vieille canaille des comptoirs propose un flip' à Stella... Voici comment Sylvie Verheyde nous (re)plonge dans cette époque.

Stella ne rentrera pas ce soir et découvre la famille de sa nouvelle copine. On n'y parle pas de Rocheteau, mais de Cocteau. Leur préoccupation n'est pas l'alcoolisme, mais le socialisme. Quand elle retourne au café, elle retrouve ses parents largués, qui la laissent seule face à ses problèmes. Alors elle va devoir se battre, au propre comme au figuré, afin de s'imposer, à l'école comme à la maison.

Sylvie Verheyde n'est pas rancunière, car Stella, c'est son histoire. Et en racontant cette jeunesse douloureuse avec une douce mélancolie, elle signe une belle histoire d'enfance, dans cette Histoire de France.

Gladys, l'amie de Stella, pense que cette famille est "très romanesque et très française"... Il paraît que la vérité sort de la bouche des enfants, alors voici qui résume bien le film !

"Stella", un film de Sylvie Verheyde, sortie le 12 novembre 2008.

jeudi 18 septembre 2008

Premières Neiges



Cette fois, c'est la rentrée pour de bon. Les salles de projection se re-remplissent, on est à nouveau assiégé de mails par le redac' chef et on va voir des films bosniaques bien sérieux.
Oui, mais pas n'importe lesquels, car "Premières Neiges" a reçu le Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes. Un joli coup de pouce pour ce premier long-métrage au sujet pas forcément évident au premier abord. A savoir le destin d'un groupe de femmes, seules survivantes d'un petit village dévasté lors du conflit bosniaque, en 1997.
Un film où dès le premier plan, tout est dit. Le malaise, le décalage entre l'insouciance des enfants et la souffrance des adultes, aux blessures mal refermé. Pourtant elles essayent, ces femmes. Certaines travaillent dur pour reconstruire ce qui a été détruit, d'autres préfèrent rêver à des jours meilleurs. Elles essayent de faire vivre ce village, de redonner le sourire aux enfants ; un peu de musique, quelques jeux, en attendant, en espérant.
L'espoir, moteur de ce film. Celui de la réalisatrice, Aïda Begic, qui croit en ces gens, qui les protège de la douleur en les filmant avec tendresse, paisiblement.
Que de tristesse me direz vous ? Il y a pourtant quelque chose de gai qui ressort de ce film. Car elle met de la couleur dans ce quotidien qu'elle filme de manière sensorielle, presque sensuelle. On sent la caresse du vent qui soulève le voile d'Alma, le personnage principal. On respire l'odeur du "besti" ou du "hajvar", les confitures que ces femmes fabriquent et qu'elles échangent contre quelques cigarettes ou un peu de maquillage, en attendant mieux.
Très vite, j'ai eu envie de comparer Aïda Begic à Sofia Coppola, une comparaison improbable me direz vous ? Pourtant ces femmes qui doutent ressemblent aux héroïnes de l'icône branchée du cinéma, perdues dans leur environnement, leur époque. Elles n'ont pas eu a affronter les mêmes horreurs me répondrez vous.
Certainement, mais ces deux femmes ont toutes les deux de la grâce dans le regard.
"Premières Neiges", un film d'Aïda Begic, sortie le 8 octobre 2008.

mercredi 3 septembre 2008

la possibilité d'un film ?


Sortez les tambours et les trompettes ! L'événement de la rentrée est parmis nous : Michel Houellebecq fait du cinéma ! Il a en effet décidé de porter lui même à l'écran son roman "la possibilité d'une île"... J'entends déjà l'inquiétude des uns et l'impatience des autres : comment est Magimel ? qu'est-ce que cela donne visuellement ?? Ressent-on la patte Houellebecq ???

Vous l'aurez compris, je suis plutôt fan de l'écrivain et c'est donc avec beaucoup d'excitation que j'attendais cette adaptation.... Ce qui n'a fait qu'augmenter ma déception !

Car autant être franc : non, le film n'est pas à la hauteur des espérances qu'il pouvait succiter. Il n'apporte rien au livre (au contraire) et réduit considérablement sa portée. Surtout la partie sociologique (l'étude des relations humaines, de leur frustration, leur déchéance...), qui est quand même centrale dans son oeuvre, n'est ici que très peu abordée.

Il préfère concentrer son récit sur l'errance solitaire et poétique du clone de Daniel, à la recherche de ses semblables. Alors on voit Benoit Magimel (qui décidement m'épate par ses choix de film !) marcher dans le désert accompagné de son chien, avec de temps en temps une voix-off explicative et une musique grandiloquente... Vous me direz, pour faire ça était-ce vraiment la peine de réaliser un film ?

Et en effet, plus le film avance et plus on se pose la question. Car une fois passée les premières minutes d'admiration enfantine ("wouah tu te rends compte, c'est Houellebecq qui filme !"), on se dit que cette adaptation est plus un gadget qu'autre chose.
Un gadget qui permet toutefois aux fans de l'écrivain d'aller à sa rencontre, à ceux qui le déteste d'aiguiser leur couteau et au principal intéressé d'ajouter la mention réalisateur à sa carte de visite...

Mouais, j'aurai préféré un livre.

"La possibilité d'une île", de Michel Houellebecq, sortie le 10 septembre 2008.

mercredi 4 juin 2008

L'amour en Suède


Premier film réalisé par Roy Andersson, il y a presque quarante ans, "A Swedish Love Story" sort pour la première fois sur les écrans français.

Nous sommes en 1969, dans la campagne suédoise. C'est l'été, les filles portent des juppes et les garçons la cravate. Ils ont la chevelure blonde et les yeux bleus qui brillent à la lumière blanche du soleil. Puis la lumière passe au rouge, lorsque les vinyles crépitent dans un garage, à l'heure de la boum. Ils sont jeunes, ils sont imberbes, mais elles se maquillent, comme des femmes et ils fument, comme des hommes.

La caméra s'attarde sur les jambes des jeunes filles, tout comme le regard de Pär. Il n'est pas question ici du genou de Claire, mais de celui de la belle Annica (jouée par Ann-Sofie Kylin); au visage si bouleversant de pureté et d'expressivité, que tous les bonheurs et tous les malheurs du monde semblent s'y trouver.

Car dans ce film au silence de cathédrale (les acteurs y chuchotent), où les seuls passages bruyants sont dûs aux moteurs diesels, des breaks Volvo et aux adultes qui expriment leurs douleurs, l'histoire d'amour de ces deux adolescents est une bulle qui les protègent du mal-être extérieur. En effet, chez les adultes l'humeur n'est pas à douceur. Certains ont des problèmes d'argent, d'autres de solitudes, mais tous sont mélancoliques.

La musique, elle, rajoute de l'universalité à cette histoire suédoise, entre grâce et gravité.

Elle pleure, un chewing-gum à la bouche, son make-up coule et l'attend comme si sa vie en dépendait. Il arrive, chevauchant sa moto, avec son cuir et sa fureur de vivre.

C'est beau, c'est délicat, c'est suédois.


"A Sweedish Love Story", de Roy Andersson, sortie le 4 juin 2008.

lundi 26 mai 2008

7 jours à cannes


Ca y est, c'est terminé! Hier s'est achevé le 61e festival de Cannes avec la cérémonie de cloture et la remise des récompenses. La France est à l'honneur de ce palmares avec notamment la palme d'or qui est revenue, à la surprise générale, au film de Laurent Cantet "Entre les murs".

J'ai vécu le festival de Cannes pour la première fois et ce pendant septs jours, du 14 au 21 Mai. Septs jours d'intense émotion, de magie et de frustrations, de pluie et de beau temps. Bref, une semaine en immersion totale dans le petit monde du cinéma.

Le festival, ne débute pas sur la Croisette, mais dans le train. Cinq heures de trajet, pour se mettre dans l'ambiance. Car en ce mercredi 14 Mai, un seul sujet de conversation était admis dans le TGV Paris-Cannes : le cinéma. Il suffisait de se rendre au wagon-bar pour s'en rendre compte. Dans la file d'attente un journaliste d'Europe1 prenait rendez-vous pour une interview devant moi, alors que derrière se trouvait une brésilienne qui a produit le film surprenant qui fera l'ouverture du festival, "Blindness".

Ce qui frappe le plus, une fois arrivé à Cannes c'est de voir le nombre de nationalités représentées parmi les journalistes. Mais cela ne fait rien si tout le monde ne parle pas la même langue, car sur toutes les lèvres il n'y a qu'un seul sujet : le cinéma, toujours le cinéma! Et il en sera ainsi pendant toute la durée du festival ou la croisette vie quasiment en autarcie. Car si tous les regards sont tournés vers elle, ce qui se passent ailleurs n'a plus guère d'importance. Comme le dirait François Truffaut, "le cinéma régne".

Pendant une semaine, j'ai pu assisté à une quinzaine de projections et à de grands moments de cinéma. Très tôt d'ailleurs, car dès jeudi, le film choc de la sélection était projeté: "Hunger" de Steve McQuenn (caméra d'or). Un film traitant, sans concession, de la détention des membres de l'IRA en Irlande du Nord, dans des conditions abominables. Un premier film d'une radicalité impressionnante, dans la mise en scène de la violence physique et psychologique.

Il y a eu d'autres grands moment, comme l'hommage rendu au cinéaste centenaire Manuel de Oliveira, en présence de Michel Piccoli, Sean Penn et Clint Eastwood. Ou la présentation du nouveau film de Marco Tullio Giordana, "Une histoire italienne", qui signe une nouvelle fois une oeuvre au souffle historique et intime. Toute l'équipe était présente et a eu droit à une standing ovation enflammée (voir la photo)! Au regard de l'affluence devant les marches de la salle Debussy, on peut dire que le public attendait ce film, il fallait en effet compter plus de deux heures et demi d'attente pour les "pass-cinéphile". La présence de Monica Bellucci dans l'assemblée devait y être pour quelque chose...


Le Festival de Cannes c'est aussi l'occasion de croiser les gens qui nous font rêver. C'est voir Michel Gondry courrir comme un personnage de cartoon jusqu'à son taxi . C'est danser sur la même piste que Lambert Wilson, c'est regarder un film assis à quelques mètres de Maradona, c'est interviewer Emmanuel Mouret tout en devinant la silhouette de Nathalie Baye à quelques mètres de là. C'est surprendre Woody Allen émerveillé par l'affiche qui annonce le retour de Jean Paul Belmondo au cinéma. C'est avoir la chance de féliciter la délicieuse Martina Glusman ("Leonera") ou de débattre avec James Toback sur le remake que Jacques Audiard a fait de son "fingers".
Je pourrai également citer Jean Paul Rouve, Claude Lelouch, Denis Hopper, Adrian Brody, Jean Pierre Daroussin ou encore Melvil Poupaud.
Mais je préfère m'attarder sur une petite anecdote très révélatrice de l'esprit cannois. Vendredi 16 Mai était présenté "Tyson" dans la sélection "Un certain regard". Après sa projection deux personnes s'attardent en bas des marches, il s'agit des réalisateurs Fatih Akin et James Toback. En pleine discussion, ils voient s'avancer vers eux une bande de jeunes gens qui jouent aux stars en bas des marches. Et ils se prennent en photo, ignorant que les deux personnes situées au second plan de leur clichés sont deux grands maîtres du septième art!

Voici donc quelques instants de cette semaine au coeur de la capitale du cinéma. A tel point que lors de mon retour à Paris jeudi matin, les rues me semblaient désertes et silencieuses, d'un calme provincial... La foule, les caméras et l'effusion avaient disparu.
Si le festival est ennivrant, le retour à la vie normale est quant à lui, très brutal.

mercredi 7 mai 2008

Agnus dei




Derrière ce titre énigmatique se cache un film argentin de la réalisatrice Lucia Cedron, dans lequel la petite et la grande Histoire sont étroitement liées. Le film effectue des allers retours constants entre deux périodes mouvementées de l'Histoire argentine. De 1978 à 2002, nous voyons le point de vu de deux femmes sur ces périodes, la mère et la fille. Cette dernière n'a quasiment pas connue son père, assasiné en 1978 et voit vingts-quatre ans plus tard son grand-père être enlevé.

Au début, cette narration a quatre niveaux est perturbante (on se demande souvent qui est qui), mais progressivement ce qui était génant devient la force du film, son moteur. Cela nous permet d'avoir des regards, des souvenirs très différents sur les mêmes événements. Car Guillerma, la fille, est très jeune en 1978 et donc dépassée par les événements.

C'est un film qui demande des efforts, il faut se l'approprier. Mais ces efforts ne seront pas vain. La récompense interviendra, avec une fin ou l'émotion règne sur le film et chez le spectateur.

Certains reprocheront au film d'être trop convenu, mais le fait qu'il soit porté par deux actrices, lui apporte justement cette tendresse et cette sensibilité qui font son caractère.
"Agnus dei", de Lucia Celdron, sortie le 7 mai 2008.

mercredi 16 avril 2008

"Je m'présente, je m'appelle Spaggieri..."



Les années 1970 sont décidément à la mode. Ceux qui les ont vécu, les regrettent et les autres auraient bien aimé y vivre. En tout cas, les gangsters de l'époque fascinent. Après "le dernier gang", "les liens du sang", voici l'adaptation de l' "oeuvre" d'Albert Spaggiari.

Car Spaggiari n'est pas un gangster comme un autre, il n'y a pas que l'argent qui l'interesse. Non, lui veut être une vedette, être adulé par son public et faire la couverture de Paris Match.

C'est plutôt réussi, car 19 ans après sa mort, l'acteur Jean Paul Rouve passe à la réalisation pour raconter ses aventures.

Spaggiari est en quelques sortes l'ancêtre de Jerome Kerviel. Tous les deux volent pour se faire remarquer, pour échapper à leur vie qu'ils jugent trop banale pour eux.

L'ancien robin des bois incarne également ce gangster haut en couleur, avec panache. Il en fait un personnage plein de contradictions. A la fois odieux et généreux, classe et ridicule, raciste et sympathique.

Il est entouré du toujours très bon Gilles Lellouche (à quand en tête d'affiche??) et d'Alice Taglioni, qui use de sa plastique pour ce rôle de belle plante.

Comme le dit le titre, il n'y a ni arme, ni violence dans ce film. Alors ne vous attendez pas à des courses poursuites sanglantes, il n'y en a pas. Ici, c'est plus la personnalité extravagante de Spaggiari qui est mis en lumière. Ca tombe bien, pour celui qui révait d'être sous les projecteurs, de faire des tubes et que ça tourne bien.

Rouve réussi correctement ses débuts en tant que réalisateur, il faut dire qu'il était bien entouré (Christophe Offenstein en directeur de photographie). Le ton est léger et le rythme fluide, malgré quelques temps morts. Dans la vague des films 70's, "sans arme..." est sans doute le moins abouti, très loin derrière les superbes "liens du sang".

Et au final, ce premier film, se révéle être un bon diverstissement, agréable à regarder. Ni plus, ni moins.


"Sans arme, ni haine, ni violence", de Jean Paul Rouve, au cinéma depuis le 16 avril 2008.

mardi 15 avril 2008

l'auberge espagnole



Jean Pierre Pernaut qui réalise un film d'horreur? Vous en aviez rêvé? Ils l'ont fait.

Bon d'accord, j'exagère un peu. Pourtant cette impression m'est apparue à de nombreuses reprises pendant le film.

Déjà, commençons par le commencement? Qu'est-ce que REC? Un film d'horreur espagnol (encore un?), qui bénéficie d'un buzz énorme sur internet, grâce à un teaser efficace (sur le même principe que celui d' "il y a longtemps que je t'aime", oui vous avez bien lu) et à sa présence remarqué dans plusieurs festivals.

Film post-"blair witch project", REC utilise le même principe de la caméra embarquée. Ici c'est une reporter qui film une équipe de pompier de nuit. L'alarme sonne, on court, tout le monde grimpe dans le camion rouge. Et ça dérape, forcément.

Le film se déroule entièrement dans un immeuble au coeur de Barcelone, évidemment l'ambiance est moin conviviale que chez Klapish. Ils sont coincés, ça re-court dans tous les sens, la caméra aussi. C'est bien, ça fait réel. Mais le probléme c'est que le film comporte de nombreuses longueurs, ou il ne se passe pas grand chose (la journaliste qui questionne tous les habitants de l'immeuble: "-alors, votre réaction? -Euh, j'ai envi de dormir, laissez moi rentrer."). Mais ce n'était pas déja le même problème avec "clooverfield"? Si.

Bon, je vous concède que certains passages sont vraiment flippant, surtout le dernier quart d'heure, ou la goutte de sueur est garantie.

Mais au final, ce film d'inspiration "télé réalité" n'apporte rien de nouveau au genre et ne fait que reprendre ce qui a fait le succès du "projet blair witch" et de "28 jours plus tard".

Même si REC reste un film d'horreur honnête, plutôt efficace et qui, de plus, permettra à certains de réviser leur espagnol; il n'est pas le petit bijou annoncé... Dommage.


"REC", de Paco Plaza et Jaume Balaguero, sortie le 23 Avril 2008.

mercredi 9 avril 2008

lady vengeance



Robert Guédiguian, le cinéaste social "made in marseille" s'essaye au film de genre, au polar. Que mon inquiétude fut grande! Surtout lors de la vision de la bande-annonce, me laissant envisager le pire...

Guédiguian n'a pas fait les choses à moitié. Pour raconter cette histoire (celle d'une ancienne bande de voyous, qui se retrouvent lors du kidnapping de l'enfant de l'un des leurs), Daroussin se laisse pousser la moustache, Ariane Ascaride se fait tatouer le bras, il les filme au bord de l'Etang de Berre en plein hiver, un jour de mistral et il signe le tout d'un titre enigmatique, en anglais, "lady jane"..... Ca y est, vous craignez le pire, vous aussi? Vous imaginez le thriller "cheap"?

Eh bien vous avez tort! Car le cinéaste méditerranéen a plutôt réussi son pari!

L'atmosphère est bien là. Tendue, crépusculaire, le style est assez sobre, avec peu de dialogue.
Les codes du genre sont donc suivis à la ligne, avec les accessoires adéquats (le bar à hotesse, les grosses berlines, les discussions alcoolisés, la drogue...)
Les personnages sont mystérieux, sombres, avec un passé douteux et un avenir incertain.

L'histoire tient la route, le suspense nous tient en haleine et l'interprétation est à souligner. Les fidéles soldats de Guédiguian sont au rendez-vous: Ariane Ascaride est crédible dans le rôle de cette mère en détresse, Gérard Meylan est impeccable, ainsi que Jean Pierre Daroussin, formidable, comme toujours.

Finalement, les personnages que filme Guédiguian sont bien les siens, avec leurs failles, leurs déchirements, leurs secrets. Et le réalisateur n'oublie pas de conserver le regard conscient, qu'il porte sur son époque.
"lady jane", de Robert Guédiguian, sortie le 9 avril 2008

mardi 25 mars 2008

il a toujours rêvé de vivre une époque révolue




Un film singulier. C'est le premier constat que l'on fait à sa vision. Du début à la fin. De l'affiche au film, en passant par la bande annonce. Il ne ressemble à aucun autre film actuellement en salle. Un ovni? Un ofni? Sans doute. C'est surtout un film intemporel. A cheval entre deux époques, à la fois très ancré en 2008, mais avec une atmosphère et une esthétique qui n'existe plus.
Du noir et blanc, des passages muets, des acteurs d'un autre temps (Jean Rochefort, Jean-Pierre Kalfon, Laurent Terzief), des vieux chanteurs (Bashung/Arno).........Un délice!
Car si ce n'etait qu'un simple exercice de style, cela n'aurait guère d'intérêt. Mais ici, l'esthétique est au service d'un propos, d'un regard.
Le regard d'un homme (Samuel Benchetrit) qui est nostalgique d'une époque ou les voyous ne détournaient pas 5 milliard d'Euro derrière leur ordinateur, mais simplement cinq mille franc en braquant un bar-tabac de province.
Une époque ou l'on ne vivait pas dans une société aseptisée. On ne mangeait pas bio, on fumait dans les bars, on était insouciant, on avait raison. Une époque où pour traverser la France on n'empruntait pas d'autoroute mais des petites nationales, on ne faisait pas étape chez hippopotamus mais dans un bistro. On y mangeait un steak qui avait baigné dans la matière grasse. Et alors ? Le cholesterol, on s'en fou, car l'humeur est à l'insouciance.
Une époque, ou les centres villes ne mouraient pas au profit des zones commerciales, on n'y remplaçait pas les forêts par des fast-food.
Chez Benchetrit, les gangsters sont gentils, maladroits et ils ont des pistolets en plastiques, les rockstars boivent du thé et Edouard Baer se tait (même si je n'ai rien contre ses tirades, bien au contraire).
Il rend hommage aux acteurs qui le (nous) font rêver (Trintignant, Belmondo, Bogart), aux westerns, aux polars.... Dans son film, les acteurs ne sont pas lisses, ils ont le poids des années, des épreuves de la vie, qui s'inscrivent sur leur visage. Edouard Baer n'a pas fait de musculation pour interpréter ce looser, non il a du bide, son visage est marqué.
Mais sous cet aspect âpre, il y a une vraie comédie qui sommeille. Une comédie peuplée de clowns tristes, ou l'absurde cotoie la mélancolie.
Ce n'est pas pour autant un film qui s'apitoie sur le sort de son époque. Car ici, les vieux n'attendent pas la mort dans un fauteuil, ils sont toujours dans l'action. Et la nouvelle génération ne se laisse pas faire. Ce n'est pas parce que cela avait l'air mieux avant, qu'il nous faut s'empêcher de vivre. C'est ce que le réalisateur semble dire, en donnant le mot de la fin aux jeunes.
On rit de bon coeur, on s'attache aux personnages, qui sont finalement si proches de nous.... En sortant de la salle, on adopte la démarche lente et nonchalante de ces gangsters et on se dit que nous aussi, on aurait bien rêvé d'en être un.
"J'ai toujours rêvé d'être un gangster", de Samuel Benchetrit, sortie le 26 Mars 2008

lundi 17 mars 2008

juliette je t'aime



- De quoi ça parle?

Phillipe Claudel, écrivain a succès, réalise son premier film.

Une histoire sur la famille, la culpabilité, la vie, l'amour, la mort...Tout un programme!

Après avoir passé 15 ans en prison et avoir été rejetée par les siens, Juliette retrouve sa soeur, Léa, qui l'accueille dans sa famille....Un long travail sur soi, commence alors pour elle.

Comment pardonner à soi? Aux autres? Comment recommencer sa vie? Comment réapprendre à vivre?


- Qu'est-ce que ça donne?

Même s'il est le fruit de l'imagination d'un écrivain, ce film n'a pas été écrit comme un livre mais comme une vraie oeuvre de cinéma.

La preuve avec des personnages qui s'expriment par des silences, des regards et des petits gestes délicat....Ce n'est ni un film bavard, ni un film littéraire. Même si les livres sont très présents à l'écran.

Autour des deux actrices principales (Kristin Scott Thomas et Elza Zylberstein, toutes les deux remarquables), gravitent une galerie de personnages possédant chacun une histoire tragique, et aucune ne semble prendre le dessus sur l'autre.

Cette confrontation entre les divers personnages et leurs histoires permettent de densifier le film. Car ils ont tous une place importante dans la narration et répondent aux thèmes centraux qui sont l'enfermement et la solitude.

Les émotions sont transmises par des petits détails, de manière très subtile. Et ces petits détails de la vie, portés à l'ecran, nous reviennent à l'esprit longtemps après avoir vu le film.

On le porte avec nous, dans notre esprit.

Il est de ces films qui laissent sans voix, qui vous questionnent toute la soirée et qui vous suivent jusque dans votre lit. "Il y a longtemps que je t'aime" est de ceux là.

Tout comme la musique de Jean Louis Aubert, qui, en jouant de sa guitare sèche s'accorde avec ces êtres en déséquilibre, sur un fil...


"Il y a longtemps que je t'aime", de Phillipe Claudel, sortie le 19 Mars 2008

"noir c'est noir, quand il n'y a plus d'espoir..."



-De quoi ça parle?

Un tueur en série ensanglante Marseille. Louis Schneider, flic au SRPJ, mène l'enquête malgré l'alcool et les fantômes de son passé. Le passé resurgit aussi pour Justine. 25 ans plus tôt, ses parents ont été sauvagement assassinés par Charles Subra. Schneider l'avait alors arrêté. Mais aujourd'hui, par le jeu des remises de peine et pour bonne conduite, Subra sort de prison. Cette libération anticipée va alors réunir Schneider et Justine, deux êtres qui tentent de survivre au drame de leur vie.


- Qu'est-ce que ça donne?

Le nouveau polar d'Olivier Marchal est un vrai film noir, aussi noir que le plus serré des cafés (même si le personnage principal carbure plutot au Whisky).

Servi par un casting qui contient les plus belles gueules du cinéma français (Phillipe Nahon, Gerald Laroche et bien sur Daniel Auteuil), cette histoire ne laisse aucune place à l'espoir (ou presque).

C'est un vrai thriller, haletant, mais aussi un drame qui sort des tripes du réalisateur (il a lui même été policier) et qui réveille chez le spectateur les émotions les plus primaires. On en sort soufflé par l'intensité de l'entreprise (aussi bien au niveau de l'histoire, de l'interprétation et de la mise en scène).


MR 73, d'Olivier Marchal, en salle depuis le 12 Mars 2008