jeudi 18 septembre 2008

Premières Neiges



Cette fois, c'est la rentrée pour de bon. Les salles de projection se re-remplissent, on est à nouveau assiégé de mails par le redac' chef et on va voir des films bosniaques bien sérieux.
Oui, mais pas n'importe lesquels, car "Premières Neiges" a reçu le Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes. Un joli coup de pouce pour ce premier long-métrage au sujet pas forcément évident au premier abord. A savoir le destin d'un groupe de femmes, seules survivantes d'un petit village dévasté lors du conflit bosniaque, en 1997.
Un film où dès le premier plan, tout est dit. Le malaise, le décalage entre l'insouciance des enfants et la souffrance des adultes, aux blessures mal refermé. Pourtant elles essayent, ces femmes. Certaines travaillent dur pour reconstruire ce qui a été détruit, d'autres préfèrent rêver à des jours meilleurs. Elles essayent de faire vivre ce village, de redonner le sourire aux enfants ; un peu de musique, quelques jeux, en attendant, en espérant.
L'espoir, moteur de ce film. Celui de la réalisatrice, Aïda Begic, qui croit en ces gens, qui les protège de la douleur en les filmant avec tendresse, paisiblement.
Que de tristesse me direz vous ? Il y a pourtant quelque chose de gai qui ressort de ce film. Car elle met de la couleur dans ce quotidien qu'elle filme de manière sensorielle, presque sensuelle. On sent la caresse du vent qui soulève le voile d'Alma, le personnage principal. On respire l'odeur du "besti" ou du "hajvar", les confitures que ces femmes fabriquent et qu'elles échangent contre quelques cigarettes ou un peu de maquillage, en attendant mieux.
Très vite, j'ai eu envie de comparer Aïda Begic à Sofia Coppola, une comparaison improbable me direz vous ? Pourtant ces femmes qui doutent ressemblent aux héroïnes de l'icône branchée du cinéma, perdues dans leur environnement, leur époque. Elles n'ont pas eu a affronter les mêmes horreurs me répondrez vous.
Certainement, mais ces deux femmes ont toutes les deux de la grâce dans le regard.
"Premières Neiges", un film d'Aïda Begic, sortie le 8 octobre 2008.

mercredi 3 septembre 2008

la possibilité d'un film ?


Sortez les tambours et les trompettes ! L'événement de la rentrée est parmis nous : Michel Houellebecq fait du cinéma ! Il a en effet décidé de porter lui même à l'écran son roman "la possibilité d'une île"... J'entends déjà l'inquiétude des uns et l'impatience des autres : comment est Magimel ? qu'est-ce que cela donne visuellement ?? Ressent-on la patte Houellebecq ???

Vous l'aurez compris, je suis plutôt fan de l'écrivain et c'est donc avec beaucoup d'excitation que j'attendais cette adaptation.... Ce qui n'a fait qu'augmenter ma déception !

Car autant être franc : non, le film n'est pas à la hauteur des espérances qu'il pouvait succiter. Il n'apporte rien au livre (au contraire) et réduit considérablement sa portée. Surtout la partie sociologique (l'étude des relations humaines, de leur frustration, leur déchéance...), qui est quand même centrale dans son oeuvre, n'est ici que très peu abordée.

Il préfère concentrer son récit sur l'errance solitaire et poétique du clone de Daniel, à la recherche de ses semblables. Alors on voit Benoit Magimel (qui décidement m'épate par ses choix de film !) marcher dans le désert accompagné de son chien, avec de temps en temps une voix-off explicative et une musique grandiloquente... Vous me direz, pour faire ça était-ce vraiment la peine de réaliser un film ?

Et en effet, plus le film avance et plus on se pose la question. Car une fois passée les premières minutes d'admiration enfantine ("wouah tu te rends compte, c'est Houellebecq qui filme !"), on se dit que cette adaptation est plus un gadget qu'autre chose.
Un gadget qui permet toutefois aux fans de l'écrivain d'aller à sa rencontre, à ceux qui le déteste d'aiguiser leur couteau et au principal intéressé d'ajouter la mention réalisateur à sa carte de visite...

Mouais, j'aurai préféré un livre.

"La possibilité d'une île", de Michel Houellebecq, sortie le 10 septembre 2008.