lundi 26 mai 2008

7 jours à cannes


Ca y est, c'est terminé! Hier s'est achevé le 61e festival de Cannes avec la cérémonie de cloture et la remise des récompenses. La France est à l'honneur de ce palmares avec notamment la palme d'or qui est revenue, à la surprise générale, au film de Laurent Cantet "Entre les murs".

J'ai vécu le festival de Cannes pour la première fois et ce pendant septs jours, du 14 au 21 Mai. Septs jours d'intense émotion, de magie et de frustrations, de pluie et de beau temps. Bref, une semaine en immersion totale dans le petit monde du cinéma.

Le festival, ne débute pas sur la Croisette, mais dans le train. Cinq heures de trajet, pour se mettre dans l'ambiance. Car en ce mercredi 14 Mai, un seul sujet de conversation était admis dans le TGV Paris-Cannes : le cinéma. Il suffisait de se rendre au wagon-bar pour s'en rendre compte. Dans la file d'attente un journaliste d'Europe1 prenait rendez-vous pour une interview devant moi, alors que derrière se trouvait une brésilienne qui a produit le film surprenant qui fera l'ouverture du festival, "Blindness".

Ce qui frappe le plus, une fois arrivé à Cannes c'est de voir le nombre de nationalités représentées parmi les journalistes. Mais cela ne fait rien si tout le monde ne parle pas la même langue, car sur toutes les lèvres il n'y a qu'un seul sujet : le cinéma, toujours le cinéma! Et il en sera ainsi pendant toute la durée du festival ou la croisette vie quasiment en autarcie. Car si tous les regards sont tournés vers elle, ce qui se passent ailleurs n'a plus guère d'importance. Comme le dirait François Truffaut, "le cinéma régne".

Pendant une semaine, j'ai pu assisté à une quinzaine de projections et à de grands moments de cinéma. Très tôt d'ailleurs, car dès jeudi, le film choc de la sélection était projeté: "Hunger" de Steve McQuenn (caméra d'or). Un film traitant, sans concession, de la détention des membres de l'IRA en Irlande du Nord, dans des conditions abominables. Un premier film d'une radicalité impressionnante, dans la mise en scène de la violence physique et psychologique.

Il y a eu d'autres grands moment, comme l'hommage rendu au cinéaste centenaire Manuel de Oliveira, en présence de Michel Piccoli, Sean Penn et Clint Eastwood. Ou la présentation du nouveau film de Marco Tullio Giordana, "Une histoire italienne", qui signe une nouvelle fois une oeuvre au souffle historique et intime. Toute l'équipe était présente et a eu droit à une standing ovation enflammée (voir la photo)! Au regard de l'affluence devant les marches de la salle Debussy, on peut dire que le public attendait ce film, il fallait en effet compter plus de deux heures et demi d'attente pour les "pass-cinéphile". La présence de Monica Bellucci dans l'assemblée devait y être pour quelque chose...


Le Festival de Cannes c'est aussi l'occasion de croiser les gens qui nous font rêver. C'est voir Michel Gondry courrir comme un personnage de cartoon jusqu'à son taxi . C'est danser sur la même piste que Lambert Wilson, c'est regarder un film assis à quelques mètres de Maradona, c'est interviewer Emmanuel Mouret tout en devinant la silhouette de Nathalie Baye à quelques mètres de là. C'est surprendre Woody Allen émerveillé par l'affiche qui annonce le retour de Jean Paul Belmondo au cinéma. C'est avoir la chance de féliciter la délicieuse Martina Glusman ("Leonera") ou de débattre avec James Toback sur le remake que Jacques Audiard a fait de son "fingers".
Je pourrai également citer Jean Paul Rouve, Claude Lelouch, Denis Hopper, Adrian Brody, Jean Pierre Daroussin ou encore Melvil Poupaud.
Mais je préfère m'attarder sur une petite anecdote très révélatrice de l'esprit cannois. Vendredi 16 Mai était présenté "Tyson" dans la sélection "Un certain regard". Après sa projection deux personnes s'attardent en bas des marches, il s'agit des réalisateurs Fatih Akin et James Toback. En pleine discussion, ils voient s'avancer vers eux une bande de jeunes gens qui jouent aux stars en bas des marches. Et ils se prennent en photo, ignorant que les deux personnes situées au second plan de leur clichés sont deux grands maîtres du septième art!

Voici donc quelques instants de cette semaine au coeur de la capitale du cinéma. A tel point que lors de mon retour à Paris jeudi matin, les rues me semblaient désertes et silencieuses, d'un calme provincial... La foule, les caméras et l'effusion avaient disparu.
Si le festival est ennivrant, le retour à la vie normale est quant à lui, très brutal.

mercredi 7 mai 2008

Agnus dei




Derrière ce titre énigmatique se cache un film argentin de la réalisatrice Lucia Cedron, dans lequel la petite et la grande Histoire sont étroitement liées. Le film effectue des allers retours constants entre deux périodes mouvementées de l'Histoire argentine. De 1978 à 2002, nous voyons le point de vu de deux femmes sur ces périodes, la mère et la fille. Cette dernière n'a quasiment pas connue son père, assasiné en 1978 et voit vingts-quatre ans plus tard son grand-père être enlevé.

Au début, cette narration a quatre niveaux est perturbante (on se demande souvent qui est qui), mais progressivement ce qui était génant devient la force du film, son moteur. Cela nous permet d'avoir des regards, des souvenirs très différents sur les mêmes événements. Car Guillerma, la fille, est très jeune en 1978 et donc dépassée par les événements.

C'est un film qui demande des efforts, il faut se l'approprier. Mais ces efforts ne seront pas vain. La récompense interviendra, avec une fin ou l'émotion règne sur le film et chez le spectateur.

Certains reprocheront au film d'être trop convenu, mais le fait qu'il soit porté par deux actrices, lui apporte justement cette tendresse et cette sensibilité qui font son caractère.
"Agnus dei", de Lucia Celdron, sortie le 7 mai 2008.