mercredi 16 avril 2008

"Je m'présente, je m'appelle Spaggieri..."



Les années 1970 sont décidément à la mode. Ceux qui les ont vécu, les regrettent et les autres auraient bien aimé y vivre. En tout cas, les gangsters de l'époque fascinent. Après "le dernier gang", "les liens du sang", voici l'adaptation de l' "oeuvre" d'Albert Spaggiari.

Car Spaggiari n'est pas un gangster comme un autre, il n'y a pas que l'argent qui l'interesse. Non, lui veut être une vedette, être adulé par son public et faire la couverture de Paris Match.

C'est plutôt réussi, car 19 ans après sa mort, l'acteur Jean Paul Rouve passe à la réalisation pour raconter ses aventures.

Spaggiari est en quelques sortes l'ancêtre de Jerome Kerviel. Tous les deux volent pour se faire remarquer, pour échapper à leur vie qu'ils jugent trop banale pour eux.

L'ancien robin des bois incarne également ce gangster haut en couleur, avec panache. Il en fait un personnage plein de contradictions. A la fois odieux et généreux, classe et ridicule, raciste et sympathique.

Il est entouré du toujours très bon Gilles Lellouche (à quand en tête d'affiche??) et d'Alice Taglioni, qui use de sa plastique pour ce rôle de belle plante.

Comme le dit le titre, il n'y a ni arme, ni violence dans ce film. Alors ne vous attendez pas à des courses poursuites sanglantes, il n'y en a pas. Ici, c'est plus la personnalité extravagante de Spaggiari qui est mis en lumière. Ca tombe bien, pour celui qui révait d'être sous les projecteurs, de faire des tubes et que ça tourne bien.

Rouve réussi correctement ses débuts en tant que réalisateur, il faut dire qu'il était bien entouré (Christophe Offenstein en directeur de photographie). Le ton est léger et le rythme fluide, malgré quelques temps morts. Dans la vague des films 70's, "sans arme..." est sans doute le moins abouti, très loin derrière les superbes "liens du sang".

Et au final, ce premier film, se révéle être un bon diverstissement, agréable à regarder. Ni plus, ni moins.


"Sans arme, ni haine, ni violence", de Jean Paul Rouve, au cinéma depuis le 16 avril 2008.

mardi 15 avril 2008

l'auberge espagnole



Jean Pierre Pernaut qui réalise un film d'horreur? Vous en aviez rêvé? Ils l'ont fait.

Bon d'accord, j'exagère un peu. Pourtant cette impression m'est apparue à de nombreuses reprises pendant le film.

Déjà, commençons par le commencement? Qu'est-ce que REC? Un film d'horreur espagnol (encore un?), qui bénéficie d'un buzz énorme sur internet, grâce à un teaser efficace (sur le même principe que celui d' "il y a longtemps que je t'aime", oui vous avez bien lu) et à sa présence remarqué dans plusieurs festivals.

Film post-"blair witch project", REC utilise le même principe de la caméra embarquée. Ici c'est une reporter qui film une équipe de pompier de nuit. L'alarme sonne, on court, tout le monde grimpe dans le camion rouge. Et ça dérape, forcément.

Le film se déroule entièrement dans un immeuble au coeur de Barcelone, évidemment l'ambiance est moin conviviale que chez Klapish. Ils sont coincés, ça re-court dans tous les sens, la caméra aussi. C'est bien, ça fait réel. Mais le probléme c'est que le film comporte de nombreuses longueurs, ou il ne se passe pas grand chose (la journaliste qui questionne tous les habitants de l'immeuble: "-alors, votre réaction? -Euh, j'ai envi de dormir, laissez moi rentrer."). Mais ce n'était pas déja le même problème avec "clooverfield"? Si.

Bon, je vous concède que certains passages sont vraiment flippant, surtout le dernier quart d'heure, ou la goutte de sueur est garantie.

Mais au final, ce film d'inspiration "télé réalité" n'apporte rien de nouveau au genre et ne fait que reprendre ce qui a fait le succès du "projet blair witch" et de "28 jours plus tard".

Même si REC reste un film d'horreur honnête, plutôt efficace et qui, de plus, permettra à certains de réviser leur espagnol; il n'est pas le petit bijou annoncé... Dommage.


"REC", de Paco Plaza et Jaume Balaguero, sortie le 23 Avril 2008.

mercredi 9 avril 2008

lady vengeance



Robert Guédiguian, le cinéaste social "made in marseille" s'essaye au film de genre, au polar. Que mon inquiétude fut grande! Surtout lors de la vision de la bande-annonce, me laissant envisager le pire...

Guédiguian n'a pas fait les choses à moitié. Pour raconter cette histoire (celle d'une ancienne bande de voyous, qui se retrouvent lors du kidnapping de l'enfant de l'un des leurs), Daroussin se laisse pousser la moustache, Ariane Ascaride se fait tatouer le bras, il les filme au bord de l'Etang de Berre en plein hiver, un jour de mistral et il signe le tout d'un titre enigmatique, en anglais, "lady jane"..... Ca y est, vous craignez le pire, vous aussi? Vous imaginez le thriller "cheap"?

Eh bien vous avez tort! Car le cinéaste méditerranéen a plutôt réussi son pari!

L'atmosphère est bien là. Tendue, crépusculaire, le style est assez sobre, avec peu de dialogue.
Les codes du genre sont donc suivis à la ligne, avec les accessoires adéquats (le bar à hotesse, les grosses berlines, les discussions alcoolisés, la drogue...)
Les personnages sont mystérieux, sombres, avec un passé douteux et un avenir incertain.

L'histoire tient la route, le suspense nous tient en haleine et l'interprétation est à souligner. Les fidéles soldats de Guédiguian sont au rendez-vous: Ariane Ascaride est crédible dans le rôle de cette mère en détresse, Gérard Meylan est impeccable, ainsi que Jean Pierre Daroussin, formidable, comme toujours.

Finalement, les personnages que filme Guédiguian sont bien les siens, avec leurs failles, leurs déchirements, leurs secrets. Et le réalisateur n'oublie pas de conserver le regard conscient, qu'il porte sur son époque.
"lady jane", de Robert Guédiguian, sortie le 9 avril 2008