samedi 17 janvier 2009

Conversation avec Nash Edgerton


Il est le réalisateur de The Square, un polar-choral australien où une galerie de vie humaine va être brisée par le destin, lorsque Carla propose à son amant de s'enfuir avec une forte somme d'argent que son mari a obtenue de manière douteuse...

Après avoir été cascadeur sur des blockbusters hollywoodiens, mais aussi monteur et producteur, Nash Edgerton est retourné dans son Australie natale pour réaliser un court-métrage plébiscité dans une dizaine de festivals à travers le monde. C'est ainsi qu'il est passé au long-métrage avec The Square.
Rendez-vous à Paris avec ce jeune touche à tout de trente cinq ans, aux allures typiques de l'australien cool.

Cinemania : Comment est né le scénario de The Square ?
Nash Edgerton : Mon frère Joel a écrit l'histoire... Cet homme est un peu fou ! (Rires). En fait, il a vu un article dans le journal, un fait divers sur un cadavre retrouvé dans un chantier. Puis à partir d'autres articles, sur des drames, des meurtres, il a commencé à écrire le scénario. Mais on n'avait aucun détails sur les gens, comment est-ce qu'ils en étaient arrivés là...

Le scénario est construit sur une structure en toile d'araignée, comme les films d'Inarritu ou de Lelouch. Quelles sont vos influences ?
J'aime Fargo, Sang pour sang (des frères Cohen), Un plan simple (Sam Raimi). J'aime les films de Claude Lelouch, comme son court "Rendez vous". J'adore les films où il y a beaucoup de personnages, où les points de vue se croisent...

Vos personnages ne sont pas très clairs dans leurs motivations, ils sont toujours dans l'illégalité : ils sont adultères, puis ils volent de l'argent. Aimez vous ces personnages, malgré leur manque d'honneteté ?
Oui je les aime, mais j'aime les voir souffrir ! (Rires). Parfois les gens prennent les mauvaises décisions et je voulais un scénario qui soit toujours orienté vers le pire. C'est comme voir un cauchemard. Donc si vous passez une mauvaise journée, vous allez voir le film et vous verrez que votre journée n'est pas si terrible que ça ! (Rires).

Il y a-t-il quelque chose de personnel que vous auriez mis dans cette histoire ?
Je n'y ai rien mis d'intime, mais parfois dans la vie ça ne va pas comme on voudrait et on se sent perdu. J'aime l'idée du karma, tu fais des mauvaises choses et elles restent en toi. Quand j'étais enfant, je mentais à mes parents lorsque je faisais des bétises à l'école, mais les choses ne faisaient que de s'empirer ! Moi je n'ai tué personne, mais...
Si, dans les films !
Oui, exactement. (Rires).

Parlez moi de votre manière de filmer. La caméra flotte en permanence dans le film. Elle accompagne toujours le mouvement des personnages.
Oui, j'apprécie l'utilisation de la Steadycam. J'aime bien le sentiment d'être en mouvement avec les personnages, car tu as l'impression de vivre la même expérience qu'eux, de sentir leur tension, leur anxiété.
Comme dans un jeu vidéo ?
Oui, exactement. C'est le même genre d'expérience.

Votre film se veut-il optimiste ou pessimiste dans sa reproduction de la vie ?
Je suis généralement quelqu'un d'optimiste, mais sur ce film j'ai choisi de suivre le cheminement inverse. C'est sans doute parce que les choses allaient bien dans ma vie que cela devenait intéressant de voir comment je réagirais si les choses tournaient mal.... C'est comme la Loi de Murphy, quand les événements peuvent mal tourner ils vont forcément mal tourner ! Je voulais aller le plus loin possible dans ce sens, dans ce que le pire peut provoquer.

La question Jean Seberg. Quelle est votre plus grande ambition dans la vie ?
Oh, je pense que ma plus grande ambition est sans doute de construire une famille. Mais aussi de faire des films, plus de films. Peut être même plus ambitieux, ailleurs qu'en Australie. Pour cela, je dois rester créatif et travailler mes idées...
Et partir très loin avec la femme et l'argent du voisin ?
Euh... Oui, cela serait très différent ! (Rires).
Ce n'est pas vraiment la même vie !
Et il n'y aurait pas de happy-end ! (Rires).

The Square contient des idées scénaristiques brillantes sur le poids des actes et l'engrenage qu'ils provoquent. Malheureusement, même si le réalisateur a placé les sentiments comme la base de son film, il n'est pas aidé pas les acteurs qui n'arrivent pas à nous faire s'identifier à eux. En effet, le personnage central est froid et distant avec les événements, toujours les dents serrées. De plus, sa jeune maîtresse aux allures de bimbo n'assure pas une grande crédibilité à leur histoire d'amour. Alors même si les personnages s'enferment dans des situations de non retour qui deviennent de plus en plus douloureuses, on n'a pas forcément envie qu'ils s'en sortent. Dommage.
Propos recueillis et traduit par mes soins.
"The Square", un film de Nash Edgerton, sortie le 21 janvier 2009.